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Deux jours à l’IFÉ : au cœur de la recherche

 Les 20 et 21 mai 2025, se tenait à l’IFÉ-ENS de Lyon, la 15ème Rencontre internationale des LéA (Lieux d’éducation Associés), organisée par l’équipe de coordination du réseau des LéA-IFÉ. La rencontre des LéA-IFÉ réunit chaque année au printemps les membres du réseau des LéA-IFÉ et les différents partenaires engagés dans cette démarche de recherche.

Ce rendez-vous possède plusieurs objectifs : valoriser et communiquer sur les LéA en cours, favoriser les échanges et les réflexions au service des projets engagés au sein du réseau des LéA-IFÉ. Cette année, c’est la notion de preuve qui sera mise à l’honneur dans les travaux collaboratifs du réseau des LéA.

En tant que porteur d’un LéA se prénommant CLEA (Collège, lycée, enseignants de l’alternatif), deux participants,  l’un du micro-collège (Camille Chofflet) et l’autre du micro-lycée d’Amiens (Lisa Chan-Wing-Chée) ont eu l’opportunité de participer activement aux différents ateliers et temps de réflexion proposés par l’IFÉ.

Un atelier pour faire rayonner son LéA :

La première demi-journée a été consacrée à l’exploration et à la réflexion de travaux autour des LéA en cours. Nous avons pu intégrer un groupe de travail s’intitulant « Partager les ressources produites et les compétences développées au-delà de son LéA ». Il a donc été question de réfléchir aux suites et au redéploiement d’un LéA terminé ou sur la fin. D’un commun d’accord, nous avons décidé de travailler sur le LéA le plus avancé. Il s’agissait d’un LéA mathématiques ayant pour axe de travail la résolution de problèmes mathématiques à l’école élémentaire niveau CM1/CM2. L’interrogation qui est apparue assez rapidement par les deux porteurs du projet était la suivante : comment jongler entre les objectifs intrinsèques du LéA et la notion de pédagogie. Ainsi, la question de l’utilité et de l’usage du LéA s’est rapidement posée ; à savoir comment réinvestir pertinemment et efficacement le travail de recherche que le projet met en évidence sans en dénaturer l’essentiel. Cette interrogation sur le réinvestissement de la recherche au-delà même du cadre du LéA se pose pour chaque projet abouti.

Pour répondre étroitement à ce questionnement, la piste du parcours académique de formation (PAF) a été longuement évoquée comme une solution possible à l’intégration du LéA dans une formation pédagogique délivrée à plus grande échelle. Cependant, le risque est de dénaturer quelque peu le projet en le rendant accessible au plus grand nombre. Comment diffuser les retombées d’un LéA afin qu’il vive au-delà de sa durée de trois ou quatre ans ?

Un atelier pour repenser l’espace de formation :

Le second temps de réflexion s’est porté sur ce que l’on nomme les « lieux de formation » et « qu’est-ce qu’un LéA comme lieu de formation ». Il nous a été proposé de réfléchir à la temporalité des LéA en construction : comment et quand un LéA devient-il un lieu de formation ? Certaines réponses s’esquissent, de façon assez évidente : à chaque visioconférence, à chaque réunion de partage, durant les rendez-vous des LéA mais aussi lors des rédactions et des recueils d’informations. La formation se coconstruit avec les différents acteurs des LéA. Cette coconstruction résulte de plusieurs gestes inter- métiers : la richesse du travail inter-catégoriel (chercheurs et enseignants), la volonté de partager un vocabulaire voire un langage commun. L’espace de formation se crée aussi dès lors que chaque participant du LéA adopte un point de vue réflexif sur ses lectures, ses pratiques et le partage avec les chercheurs et la communauté enseignante. Il s’agit d’une somme de temps forts nécessaires à la construction des LéA mais aussi à les faire rayonner. La mise en réseau devient, de ce point de vue très intéressante car elle va permettre de faire connaître le LéA et plus encore de le faire vivre.

La notion de formation répond souvent à l’émergence de besoins. Ainsi, dans le cadre de la construction d’un LéA, les besoins sont multiples et ils peuvent s’ancrer autour de la méthodologie, des attentes des chercheurs comme des enseignants, de la mobilisation de temps, d’espace mais aussi de ressources. La temporalité et l’espace du LéA est aussi toute particulière car elle n’implique pas de formateurs en tant que tel mais « tout le monde forme tout le monde » pour reprendre les propos d’un enseignant. Enfin, un autre aspect de la formation est évoqué : il s’agit de la notion d’investissement sur le long terme. En effet, bien souvent, les LéA s’étirent dans le temps et les participants peuvent évoluer en laissant place à des nouveaux entrants sur le projet. Il est parfois donc difficile de gérer un certain essoufflement sur un projet qui prend plusieurs années à se réaliser.

Comment apporter la preuve en éducation ?

Le deuxième jour s’est davantage concentré sur la question transversale de la preuve dans la recherche. Ainsi, après le mot d’accueil de Luc Ria, directeur de l’IFÉ, chaque groupe de travail a pu communiquer sur son LéA et sur la façon d’y recueillir et accueillir la notion de preuve. Une série de quatre ateliers nous a été proposé. C’est en écoutant des projets agricoles, mathématiques, culturels ou encore sportifs que certaines interrogations relatives à la méthodologie se sont dessinées.

Il nous est d’abord apparu que la notion de méthodologies croisées, c’est-à-dire questionnaires et entretiens reviennent à chaque LéA. Dans le même ordre d’idée, « les Focus Groupe » permettent les retours croisés entre les enseignants et les chercheurs. Lors de ces temps d’échanges, les acteurs du LéA construisent notamment du matériel d’analyse comme les grilles d’entretien mais c’est aussi un temps d’échange sur les anxiétés et les frustrations que peut générer le projet.

Il est assez difficile de répondre à la question de savoir comment apporter la preuve dans le domaine de l’éducation car cela implique que la posture de l’enseignant ou la trace écrite des élèves par exemple soit rendue visible et compréhensible par tous. A partir de cette simple interrogation, les chercheurs vont alors questionner la notion de « faits remarquables » ou « d’épisodes marquants d’enseignement ». La question du support est aussi au cœur de la réflexion car nous avons remarqué que beaucoup de preuves sont amenées par les vidéos et non par des carnets de notes. Ainsi, les enseignants déposent des vidéos sur une plateforme dédiée et les chercheurs réceptionnent le support avant de le traiter.

Au-delà de ce travail de collecte minutieux, les hypothèses de recherche initiales sont parfois amenées à changer ou varier. Cela dépend de plusieurs facteurs dont le conatif (l’engagement et la motivation dans et autour du projet), le cognitif mais aussi l’environnemental. Ces trois facteurs touchent à la fois la communauté des chercheurs, des enseignants et de leurs élèves. Ainsi, la preuve navigue entre les enseignants et les chercheurs. Par ailleurs, la validation des résultats peut prendre plusieurs formes (avec ou sans comité de juges experts) et peut même rester provisoires. Pour autant, cette preuve peut être de nature différente : on parlera alors de preuves culturelles et de preuves statistiques. Les premières revêtent un coté plus insaisissables moins palpables et quantitatives tandis que les secondes rassurent par un chiffre ou une quantité donnée. La preuve en éducation devient alors un matériau difficilement appréhensible.

 Article rédigé par Lisa Chan-Wing-Chée

Retrouvez tous les articles de blog du LéA-IFÉ Collège, lycée et enseignants de l’alternatif (CLEA)


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Estelle Cambay pour le CLEAA (4 juin 2025). Deux jours à l’IFÉ : au cœur de la recherche. LE BLOG DU RÉSEAU DES LéA-IFÉ. Consulté le 17 novembre 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/1423w


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