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Le challenge audacieux de la vulgarisation scientifique dans le cadre d’une recherche collaborative

L’équipe du LéA-IFÉ REP Écoles-Collège Picasso (06) – Phobies 360° nous partage un retour réflexif sur les trois années de vie de leur recherche collaborative et leur expérience dinterviews journalistiques.

 
Retour sur la vie du LéA-IFÉ Phobies 360°

Notre LéA est né puis s’est construit comme une véritable recherche collaborative dans son acception scolaire, afin de permettre un transfert de connaissances nouvelles dans les deux sens : des observations / problématiques / expérimentations faites en classe vers la recherche et de la recherche fondamentale vers l’application des résultats au bénéfice (ou pas) des élèves.

Cette recherche a germé dès 2015 en classe, au bord des piscines, emportée par des problématiques jusque-là sans solutions : celle des élèves en contexte scolaire qui ont peur de l’eau et ne peuvent pas apprendre à nager. Ce questionnement est né au cœur des leçons de natation avec ce public scolaire si singulier que sont les élèves non-nageurs.

Initialement construit autour d’un projet local, c’est naturellement et rapidement que les enseignants d’EPS à l’origine de la démarche se sont tournés vers les chercheurs pour ordonner le travail d’exploration, pour s’enrichir de l’état de l’art nécessaire ainsi que de la rigueur d’un travail de recherche, cela afin de construire une méthodologie. Puisqu’il s’agissait d’utiliser des outils numériques novateurs pour débloquer des nœuds émotionnels et relancer les apprentissages bloqués jusque-là. Cette volonté de s’appuyer sur la science se devant d’être à la hauteur des enjeux qui sont ici les nôtres : minimiser le risque de noyade en prenant aussi en compte les émotions des élèves en difficultés au contact du milieu aquatique. Afin de rendre accessible à toutes et à tous, enfin, la validation d’un savoir fondamental (savoir nager) véritable priorité nationale.

Postuler pour un LéA-IFÉ a résonné comme une évidence. Avoir la chance d’intégrer le réseau a été une véritable opportunité car elle a permis de donner aux problématiques rencontrées par l’EPS, et de manière générale au corps, une visibilité importante car peu travaillée jusqu’à présent dans les LéA.

L’équipe de pilotage a cherché à s’emparer du temps des 3 années qui nous sont allouées au sein des LéA pour, encore une fois, se donner les moyens d’avancer avec méthode et en respectant la temporalité de la recherche qui n’est jamais celle d’une leçon, d’une situation.

Si notre première année de LéA nous a permis de clarifier notre objet d’étude et d’affiner nos outils et notre démarche, la seconde a été celle de la planification de l’expérimentation et de l’augmentation du corpus des élèves cibles (les non nageurs ayant une appréhension du milieu aquatique). Nous avons partagé l’évolution de nos avancées sur ces deux premières années dans des revues professionnelles et scientifiques, formations, conférences… mais rencontré aussi des limites, des problèmes de mise en œuvre.

Notre ambition était d’être prêt la troisième année, que nous voulions être celle d’une articulation optimale de nos outils et de la démarche de recherche, après avoir essuyé quelques déconvenues inéluctables. En effet, amener au bord des bassins chercheurs et matériel numérique n’est jamais simple, leur permettre de travailler de concert au cœur d’une leçon de 50 élèves ne maitrisant pas la compétence attendue encore moins. Mais nous nous sommes adaptés et avons trouvé des solutions.

 

Partage d’expérience sur des interviews journalistiques

Notre LéA ayant été primé en 2023, par le Prix Chercheurs en Actes du Conseil Scientifique de l’Education Nationale, nous avons été sollicités par des journalistes.

Après avoir apporté une réponse favorable, notre ambition a été de leur permettre de venir observer, interviewer et témoigner de nos travaux lors de trois temps de recueils de données prévus en cette année scolaire 2024 / 2025. En effet, quel meilleur moment pour constater le travail articulé des élèves, enseignants et chercheurs en un même lieu et pour observer cette fameuse collaboration et enrichissement mutuel en acte, in vivo. Notre garde-fou : permettre un fonctionnement dont tout le monde ressortirait gagnant, où les élèves apprennent, les professeurs enseignent, les chercheurs recueillent et les journalistes puissent investiguer puis communiquer l’information.

Le premier reportage s’est tenu au mois d’octobre lors d’un premier temps de recueil. Une reportrice de Radio France s’est intéressée tout particulièrement à un de nos non nageur phobique qui, pour la première fois, allait tester un masque de réalité virtuelle avec des vidéos 360°, le confrontant de fait à un premier niveau de sa peur des profondeurs. Souhaitant avoir certaines certitudes sur l’absence d’impact d’une interview sur notre protocole de recueil de données, cette entrevue s’est déroulée juste après la leçon.

Le reportage fruit de ce travail, disponible en ligne sur le site France info (“Nous sommes à 30 cm sous l’eau et tout se passe très bien” : la réalité virtuelle pour aider des élèves à vaincre leurs phobies)[1] est une magnifique occasion de mettre en lumière toutes les partis prenants du travail collaboratif, essence d’un LéA. Chercheurs et acteurs de terrain ont rarement l’occasion de s’exprimer dans les grands médias, encore moins conjointement autour d’une préoccupation partagée. Publication enrichie d’un podcast de 5 minutes, c’est aussi le modus operandi qui a été une réussite. Rassurés, cela nous a laissé entendre qu’après avoir porté l’attention sur l’utilisation de l’outil, une prochaine étape pouvait s’envisager, à savoir permettre l’interview au cœur même d’une leçon pendant le temps d’un recueil de données afin d’observer la démarche.

C’est ainsi que des reporters de TF1, intéressés eux aussi par le sujet, nous ont contacté et que nous avons accepté cette idée folle de tout organiser sur un même temps. C’est donc au moment d’un second recueil de données en 2025, lors d’une semaine dédiée du mois de Janvier, que l’articulation recherche / terrain a ouverte les portes de son laboratoire transposé en bord de bassin pour livrer ce que nos travaux ont de plus authentiques et, présenter au grand public ce que sont les LéA.

Ne nous le cachons pas, c’est une véritable valse qui s’est jouée sur ce créneau d’une 1h30 ce jour-là. Quatre maîtres-nageurs en surveillance, 35 élèves dans l’eau en train d’apprendre à nager, 3 enseignants d’EPS sur 3 ateliers en rotation (dont un avec les masques de réalité virtuelle), 2 chercheurs (enregistrement d’un visionnage + enregistrement de ce que l’élève regarde dans le masque puis auto confrontation) et 2 reporteurs ont été associés. Tous ont réussi, non sans mal mais grâce à une bonne préparation couplée à une remarquable capacité d’adaptation, à exploiter ce temps unique. Ce reportage sera diffusé au mois d’avril lors du journal télévisé, nous ne manquerons pas de publier une information à ce sujet.

 

Le dernier reportage (agence de presse Niçoise) est planifié lors des stages massés de Juin 2025 qui se dérouleront à la piscine d’Antibes. Il nous amènera sans doute à renouveler l’expérience mais en s’accordant sur une observation par le reporteur d’une utilisation de l’outil OU de la démarche. Les deux ensemble sur un site moins adapté (deux bassins extérieurs partagés et en plein air avec deux salles un peu éloignées pour les chercheurs) ne nous donnant pas la certitude de pouvoir assurer à tous les partis d’être bénéficiaire de ce temps rare et précieux.

 

 

Pour conclure, si travailler de concert entre acteurs de terrain et chercheurs autour d’une problématique partagée et d’un objet d’étude pertinent n’est pas simple, mettre en lumière la richesse des échanges, le fruit des réflexions, la pertinence des outils et des démarches l’est encore moins. Certes, articles, blog, productions professionnelles / scientifiques, sont là pour cela mais restent trop souvent limités aux sphères concernées ou intéressées. Ouvrir à des reporteurs l’intimité de ces temps partagés, permettre au plus grand nombre et au public de découvrir ce travail de vulgarisation scientifique demeure primordial, afin de faire connaître toute la pertinence du travail menés dans le cadre des recherches collaboratives impulsées par le réseau des Léa-IFÉ. Certes il n’est pas aisé mais pas non plus impossible. Opportunité, organisation, adaptabilité et volonté d’un impact (qu’on ne peut nier mais que l’on veut) mineur sur les acteurs et le fruit de leur travail nous ont guidé dans cette idée ambitieuse dont nous vous laisserons prochainement apprécier ou non le résultat. 

Article rédigé par Régis Fayaubost et Lionel Roche, correspondants du LéA-IFÉ PHOBIES 360°

[1] Pour accéder au reportage de France Info :


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
rfayaubost (4 mars 2025). Le challenge audacieux de la vulgarisation scientifique dans le cadre d’une recherche collaborative. LE BLOG DU RÉSEAU DES LéA-IFÉ. Consulté le 19 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13f07


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