Communautés de pratique (CoP) : exemple d’École en réseau au Québec

Lors de la visite d’étude des LéA-IFÉ au Québec en septembre 2022, nos partenaires québécois nous ont présenté des recherches portant, notamment, sur des communautés de pratique (CoP). Conçues comme outils de développement professionnel, les CoP sont également intéressantes pour les modes de collaboration qu’elles engagent. Mais qu’est-ce qu’une communauté de pratique ? Comment peuvent-elles être mises en œuvre ?

Sophie Nadeau-Tremblay a présenté des éléments de réponse. Doctorante à l’UQAC et enseignante, elle organise et coordonne des CoP pour des acteurs éducatifs dans le cadre d’École en réseau. Elle est co-autrice d’un rapport de recherche sur la valeur et la portée des activités interclasses et de développement professionnel de l’École en réseau (ÉER) en 2021-2022.

Éléments de définition

Les communautés de pratique – CoP  (Lave et Wenger, 1991) regroupent des personnes ayant en commun un domaine d’expertise ou une pratique professionnelle. Des rencontres ont lieu pour échanger, partager et apprendre les uns des autres, face à face ou virtuellement. Chacun des participants peut apporter sa propre problématique qui sera travaillée par le groupe.

Les trois dimensions qui structurent une CoP sont (Wenger, 1998 ) :

• un engagement mutuel des membres à faire preuve de confiance, d’ouverture afin de s’entraider ;
• une entreprise commune qui se crée au fil du temps en prenant conscience des préoccupations qui rapprochent les participants ;
• la production d’un répertoire commun de ressources, d’outils, de procédures, de dossiers… permettant aux membres de communiquer, de trouver des solutions ou des exemples à suivre.

Les thématiques sont très diverses et peuvent être proposées par des participants.

Un exemple de CoP dans École en réseau

Contexte :

École en réseau est un dispositif public accompagné par la recherche universitaire qui existe depuis 20 ans au Québec. Il avait pour objectif initial de rompre l’isolement de petites écoles rurales. Le succès du dispositif, renforcé par le développement des technologies de la communication et l’enseignement à distance imposé par la crise sanitaire en 2020, a permis à École en réseau de se développer dans tous types de milieux.

Les activités menées en réseau peuvent être :

• des activités ponctuelles (par exemple, une rencontre en visio avec une activité préparatoire et une de prolongement) ;
• des séquences d’activités : des activités qui s’échelonnent généralement sur 2 mois et plus, qui incluent des rencontres en visio entrecoupées de tâches à réaliser en classe par chaque enseignant (par exemple, les élèves doivent programmer le déplacement d’un robot dans une maquette à partir de la lecture d’un conte) ;
• des séquences d’activités en co-construction : la planification n’est pas définie par avance mais co-construite par les participants, elle peut devenir une séquence d’activité l’année suivante.
• des activités spécifiques de développement professionnel : CoP.

L’intention initiale des enseignants impliqués dans École en réseau est, le plus souvent, de participer à une activité interclasse mais le dispositif peut contribuer à leur développement professionnel par l’échange sur les pratiques lors des séquences d’activités co-construites et lors de CoP.

De nombreux thèmes peuvent faire l’objet d’une CoP :

• enseigner dehors ;
• Minecraft ;
• exoplanètes ;
• intégrer la baladodiffusion ;
• etc…

Exemple de CoP dans École en réseau : Dinosaures au préscolaire

Les thématiques des activités d’École en réseau sont parfois proposées par des participants. C’est le cas ici. A l’origine, une enseignante isolée dans son école souhaite travailler sur les dinosaures en préscolaire. Elle contacte École en réseau et son appel est diffusé sur tout le territoire. Quatre rencontres d’une heure en visio sont organisées avec l’objectif de partager des ressources, des références et de construire des activités communes. L’outil Teams est mobilisé afin de permettre aux discussions et échanges de se poursuivre entre chaque rencontre en ligne.

Cette CoP a permis : la création d’un padlet pour partager les ressources de chacun ; l’intervention d’un spécialiste des dinosaures lors de l’une des quatre rencontres ; la mise en place d’activités interclasses et dans chaque classe ; l’écriture d’une histoire collaborative.

Conditions pour favoriser la réussite d’une CoP

Sophie Nadeau-Tremblay a présenté des stratégies qualifiées de gagnantes pour la réussite d’une CoP dans École en réseau :

• Recrutement des participants à la CoP

Il est préférable qu’il y ait entre 8 et 12 participants et qu’ils s’engagent sur la base d’un descriptif précis (intentions, public cible, durée, calendrier…).

• Coordination :

Les rôles des participants, de l’animateur et du coordinateur doivent être explicités. Une personne doit s’occuper de contacter les participants, de rappeler à chacun ce qu’il doit faire, d’organiser les rencontres… Il faut également choisir une plateforme de visioconférence et de partage d’information qui réponde aux besoins des participants.

• Animation :

Chaque rencontre doit avoir un ordre du jour établi en amont et un minutage permettant de ne pas dépasser le temps prévu (souvent 45 minutes). La première rencontre est très importante car elle permet de préciser les intentions de la CoP, le niveau d’engagement attendu de la part des participants et la durée.

Pour en savoir plus sur Ecole en réseau

Le site : Ecole en réseau [en ligne]. https://eer.qc.ca/ (consulté le 22 novembre 2022)

Allaire, S. et Lusignan, G. (2015). Enseigner et apprendre en réseau – Guide pédagogique. CRIRES. https://lel.crires.ulaval.ca/sites/lel/files/allaire_lusignan_2015.pdf (consulté le 22 novembre 2022)

Nadeau-Tremblay, S. et Boudreau, C. (2020). Enseignants en réseau : une riche occasion de développement professionnel. Vivre le primaire, 33(2), 74-75. https://eer.qc.ca/publication/1605879384387/enseignants-en-reseau-final.pdf (consulté le 7 décembre 2022)  

Nadeau-Tremblay, S., Giroux, P. et Dufour, A. (2022). Enquête sur la valeur et la portée des activités interclasses et de développement professionnel de l’École en réseau (ÉER) en 2021-2022. Rapport de recherche. https://constellation.uqac.ca/8362/ (consulté le 22 novembre 2022)   

Pour en savoir plus sur les CoP

Lave J., & Wenger E. (1991). Situated Learning: Legitimate Peripheral Participation. Cambridge, England : Cambridge University Press.

Paré, G. et Francœur, K. (2008). Les communautés de pratique (CoP): un modèle émergent de gestion des connaissances. Université de Montréal. https://recherche.umontreal.ca/fileadmin/recherche/documents/user_upload_ancien/Valorisation_de_la_recherche/Les_communaut%C3%A9s_de_pratique_VF.pdf (consulté le 7 décembre 2022)

Wenger, E. (1998). Communities of practice : Learning as a social system. The Systems Thinker, 9(5) https://thesystemsthinker.com/communities-of-practice-learning-as-a-social-system/ (consulté le 7 décembre 2022)

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