LéA Lycée H. Parriat – Montceau-les-Mines
DECLAM : petit dialogue entre amis
«Séance de co-enseignement : entretien avec les enseignants»… Alexandre, Anne, Mathieu et Yves sont dans un bateau…

Anne, Alexandre, Mathieu, Yves sont dans un bateau ….
Comment préparez-vous, vous organisez-vous dans le cadre de ce travail préparatoire ?
Anne : Pour le mois de juin c’était une réunion, il fallait que l’on présente à deux nouveaux collègues donc on a convenu d’une date, d’un horaire et on s’est rencontré tous les quatre. Il fallait qu’on présente aux deux nouveaux collègues qui intégraient l’équipe la séance et le déroulé de la séance. Ensuite il y a eu les congés d’été et quand on s’est revus fin août on a échangé par mail sur le contenu qui existait où chacun pouvait amender, corriger, apporter des nouvelles choses, et donc là ça a été des échanges par mail. La période étant un peu moins propice à la rentrée scolaire à une rencontre physique parce qu’on est tous bien pris à cette période, donc effectivement c’est passé par beaucoup d’échanges par mail.
Quel a été le rôle de chacun, comment cela s’est-il passé ?
Yves : A partir de la trame qui a été donnée par Mathieu et Anne, on a amendé Alexandre et moi sur les essentiels mais aussi on s’est réparti les pays sur lesquels les élèves devaient faire des recherches, donc là on est quand même en amont du travail de recherche des élèves. On s’est réparti les pays sur lesquels ils devaient travailler pour nous-même pouvoir leur fournir quelques indications de recherches dans les sites. Donc cette répartition s’est faite au mois de septembre, d’abord rapidement à l’oral à l’issue d’une séance et ensuite elle s’est faite posée par écrit, je crois que c’est Anne qui nous a envoyé un mail avec les faits précis et la répartition. Et d’ailleurs cette répartition nous a servi ensuite pour suivre les élèves sur l’évaluation sur l’ensemble du semestre.
Alexandre : On a repris la fiche de consignes qui allait être donnée aux élèves, créée par Mathieu et envoyée à nous quatre par mail, chacun pouvant amener des modifications, reformuler certaines choses, amender certaines parties.
Mathieu : Partagée par une Dropbox puisque c’est lui qui en recevant la première version a mis dans la Dropbox les consignes et chacun pouvait modifier jusqu’à la version à imprimer la veille du cours.
Les modifications apportées par chacun sont-elles validées par tous ?
Alexandre : Il y a une validation soit explicite, dans le sens où il y a un mail réponse du style « effectivement j’ai bien vu ces modifications » sous cette forme-là ; soit il y a des modifications qui sont implicites dans le sens où parfois il n’y a pas de retours. Ça se fait assez facilement finalement entre nous, mais ce que je pense aussi c’est un lieu commun, on considère que pas de retour veut dire retour positif.
Yves : Ce qu’on peut préciser c’est que dans chaque mail qui est envoyé quand on soumet un document à valider ou une idée, à chaque fois il est dit que tout le monde peut apporter autant de modifications que besoin jusqu’à ce qu’on y parvienne.
Mathieu : Au final c’est la première séquence qu’on prépare ensemble et il se trouve que c’est une façon de travailler qui a perduré et qui nous convient puisqu’on continue de le faire. Le premier endroit est une sorte de dépôt, de consigne, même si avant on a discuté de ce qu’on avait donné à faire, des objectifs tous ensemble après les réunions de rencontre physique, on se donne chacun un rôle en quelques sortes et celui qui doit faire la fiche l’envoie et demande si ça convient, si ça correspond à l’accord qu’on avait eu pour la réunion physique et des modifications peuvent être apportées à chaque fois, notamment au niveau des coquilles, des erreurs d’orthographe, des choses comme ça. Tout ça c’est relu et ça peut évoluer à la lecture de chacun.
Alexandre : Parfois, des idées surgissent justement après cette rencontre physique, c’est-à-dire que sur la rencontre physique on a une ébauche, on a une piste assez claire mais on ne trouve pas forcément la formulation qui nous convient pour certaines consignes, on ne trouve pas forcément l’idée qui nous convient et ce travail en décalé par mail permet à la fois de se plonger dans cette fiche de consigne ou autre forme et à la fois de revenir dessus avec du recul et donc d’avoir un déclic.
Mathieu : Il se trouve qu’on vient de faire actuellement cette forme dans laquelle on est et après on a travaillé déjà toute l’année dernière un petit peu de la même façon.
En classe, on vous voit vous réunir, qu’est-ce qui se joue à ce moment-là, qu’est-ce qui vous amène à vous retrouver ainsi ?
Alexandre : Il y a en partie – c’est peut-être le côté prof de physique qui parle- le hasard de nos déplacements fait qu’à des moments on se retrouve fatalement à des endroits proches et généralement on profite de ces moments-là pour échanger des remarques, des informations sur ce qui se fait dans les différents groupes. Là on peut remarquer des fois un groupe qui part avec une répartition des tâches un peu particulière par rapport aux autres, on peut remarquer aussi des choses qui vont concerner sur le long terme la vie de la classe avec les relationnels entre élèves qui apparaissent ou qu’on considère importants à se partager entre nous.
Yves : Je complèterais en disant que si les remarques que les uns ou les autres font quand on se retrouve pour en parler à quatre, à trois ou même à deux nécessitent que finalement on passe une information à l’ensemble des groupes, à l’ensemble des élèves parce que ça pourrait concerner tout le monde en termes de méthodologie ou en termes de recherches, à ce moment-là quelqu’un prend la parole et retranscrit à tous le fruit de notre réflexion, donc là on est dans l’instantané.
Mathieu : Tout simplement, parfois c’est se demander si on leur laisse plus de temps, si on arrête l’activité, et il nous est arrivé même en direct de modifier ce que l’on avait prévu. C’est-à-dire qu’on se concerte et on se dit « est-ce qu’on passe plus tôt à l’activité ou il leur faudra plus de temps ? » donc en fait c’est des conclusions pour essayer de gérer tout simplement le temps et les activités proposées aux élèves.
Anne : Même si on part avec une trame de la séance, on adapte très souvent ce qu’on fait et on est toujours dans l’observation de comment les élèves travaillent ou comment ils abordent la problématique qui leur est proposée et donc effectivement ça nous arrive d’adapter, de modifier en permanence.
Yves: Finalement le travail de régulation, on en fait pas mal.
Mathieu : Pour rebondir sur ce qu’a dit Alexandre, on se raconte, on observe les élèves et on se raconte ce qu’on a vu, ce qu’on a observé, les activités comme le travail et on essaie de se raconter ce qu’on a vu d’intéressant.
Si vous deviez caractériser votre façon de travailler ensemble, qu’auriez-vous envie de dire ?
Anne : Un grand respect mutuel et une grande confiance ; ce qui fait qu’on ose tout se dire, tout partager.
Alexandre : Quelque chose d’évident parce qu’on n’a jamais fait une réunion pour savoir comment on allait travailler. Les choses se sont faites d’elles-mêmes selon les besoins.
Yves : Je reprends un peu ce que disait Anne à propos du respect mutuel parce qu’on n’a pas toujours, même si ça fonctionne bien, on n’a pas toujours eu l’habitude de travailler ensemble ou collectivement ou de co-animer et parfois on prend la place de l‘autre, parfois on va un peu trop vite donc ça on travaille dessus tout le temps, et on n’y arrive pas tout le temps non plus.
Mathieu : Il me semble que travailler ensemble c’est aussi se dire les choses qui ne vont pas et je pense que la manière de travailler ensemble fait qu’on arrive vraiment à parfois ne pas être d’accord sur certaines activités à proposer, certaines manières de travailler mais au final à chaque fois on arrive à un consensus. En tous cas, devant les élèves –personnellement c’est mon cas-, on n’a pas du tout peur de la prise de parole de l’autre. C’est-à-dire que ce qui peut arriver dans une co-animation de la séance de cours d’enseignement je n’ai aucun a priori sur ce qui va être dit de la part des collègues, ça se fait naturellement.
Individuellement, que vous apporte ce travail, cette façon de travailler ?
Yves : Ce que je dirais spontanément c’est un pep’s énorme pour toute la journée et même une partie de la semaine.
Mathieu : Une remise en question aussi, c’est-à-dire que souvent le professeur est seul dans sa classe avec son cours et ses élèves. On se confronte au travail collectif, à d’autres manières de dire, de faire et en effet on a très très envie de partager ces heures-là.
Alexandre : Je vais recouper sur un truc qui a été dit dans le sens où tu l’as dit Mathieu « seul dans sa classe, seul avec son cours » mais c’est aussi seul dans sa préparation de cours. Et il y a un certain plaisir à créer ces cours mais voir quelque chose qu’on finit quand on l’a créé à plusieurs et qu’on est au final un rouage dans une mécanique plus grande c’est aussi un très grand plaisir personnel.
Anne : Moi c’est un complément qui est nécessaire à la fonction de CPE, une ouverture nécessaire sur le monde de l’enseignement et puis une perpétuelle amélioration de mes pratiques, c’est-à-dire que j’apprends en observant, j’apprends en partageant. L’impression d’être toujours en formation, et du coup en amélioration peut-être dans mes pratiques. Et puis effectivement comme disait Yves beaucoup de joie et d’enthousiasme à faire ce qu’on peut partager autour de ce cours.
Quels sont les points de vigilance à avoir, sur lesquels vous insisteriez ?
Alexandre : J’insisterais sur le fait qu’il y a quand même une chose qu’on ne maitrisera pas, c’est le relationnel qui se créé immédiatement avec quelqu’un d’autre. C’est-à-dire qu’on peut se retrouver à travailler avec quelqu’un sans forcément que, de prime abord, il y aurait eu une envie entre les deux personnes de travailler ensemble. Et pour autant, le travail de groupe va exiger qu’on pense tout de suite à ça. Et que le point central va être de privilégier la production globale au-delà du personnel avec une ou deux autres personnes avec qui on doit travailler. C’est une partie qu’on ne maitrise pas.
Mathieu : Moi la vigilance je la mettrais sur le temps, le temps que parfois on ne trouve pas pour se rencontrer, pour échanger, le temps que l’on ne trouve pas pour discuter du travail. Ce travail collectif il demande de l’investissement et du temps et c’est très important de se réunir, de se mettre autour d’une table comme on l’a fait hier, à 10h on s’est dit « il faut qu’on se retrouve absolument à 13h », ce qu’on a réussi à faire. Même si on s’est dit qu’il faut qu’on se voit tous les quinze jours à telle heure, parfois il y a des imprévus, il y a des sorties, il y a des cours annulés, des réunions à poser et du coup ces rencontres tous les quinze jours parfois on a du mal à le tenir et ce temps il est très précieux parce que c’est là aussi où on s’amuse, où on discute aussi d’autres choses et parce que ce temps il est prévu pour travailler mais aussi pour se dire plein d’autres choses.
Yves : En conclusion, ce qui regroupe ce qui vient d’être dit c’est que tout ça c’est possible à partir du moment où on sait ce qu’on attend des élèves et ce qu’on a comme objectif dans les séances. Plus ça va, plus on s’aperçoit en définissant clairement l’objectif que le travail en groupe pour nous avance, avec tout ce que Mathieu et Alexandre ont pu dire.
C’est ainsi qu’Alexandre, Anne, Mathieu et Yves sont dans le même bateau, ramant ensemble, avançant ensemble, pour que tout coïncide, d’un coup, en ouvrant l’oreille, en gardant ensemble ouverts œil et oreille pour que tout coïncide à l’unisson, à l’uni-sens, qu’il ne manque rien … au milieu …
Alexandre DEMURGER, Yves LEBLANC, Mathieu GILLOT, Anne LAMBOROT, Nathalie MAGNERON, Andrés MERCHÁN GONZÁLEZ
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OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
amerchan (14 avril 2022). LéA Lycée H. Parriat – Montceau-les-Mines. LE BLOG DU RÉSEAU DES LéA-IFÉ. Consulté le 22 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tn8w